Clinique & Droit du travail
« Tous les êtres humain, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales. »
Déclaration de Philadelphie art. II a
Le travail ne consiste pas seulement à produire mais à se transformer soi-même.
Christophe Dejours, clinicien du travail
L'esprit de Philadelphie
En novembre 1914, la Fédération américaine du travail, réunie à Philadelphie, a adopté une résolution appelant à une réunion de représentants des travailleurs de tous les pays en même temps et au même endroit que la Conférence de paix « afin que des suggestions puissent être faites et que des actions puissent être entreprises pour restaurer des relations fraternelles, protéger les intérêts des travailleurs et ainsi aider à poser les fondations d'une paix plus durable »
Qu'est-ce qu'un travail réellement humain au sens de l'OIT ?
La satisfaction de cette condition suppose en premier lieu que les conditions de travail soient humaines. C’est-à-dire qu’elles ne mettent pas en péril la santé, qu’elles limitent la durée du travail et assurent un revenu suffisant, et respectent la liberté syndicale.
A ces conditions de base s’ajoute l’exigence d’un travail qui soit en lui-même réellement humain, c’est-à-dire – pour reprendre la formule de la Déclaration de Philadelphie – qui procure à ceux qui l’accomplissent « la satisfaction de donner toute la mesure de leur habileté et de leurs connaissances et de contribuer le mieux au bien-être commun »
Les nouvelles façons d'organiser le travail, influencées par le management par objectifs, ont un impact significatif sur la santé mentale des travailleurs. Cela met en évidence la nécessité d'une approche renouvelée en droit du travail. La conception du travail dans le contrat traditionnel reflète souvent une perspective réductrice, limitant le travail à un simple échange de temps contre de l’argent et négligeant les dimensions humaine et sociale. Cette approche devient de plus en plus inadaptée face aux nouvelles relations de travail, caractérisées par la disponibilité permanente des travailleurs envers leurs employeurs et par les nouveaux devoirs imposés aux employeurs. Dans ce contexte, une collaboration étroite entre les domaines clinique et juridique apparaît indispensable.
La santé comme concept central en droit social
Contrairement à l'approche traditionnelle qui considérait le travail principalement comme une marchandise, il est proposé de mettre davantage l'accent sur la santé des travailleurs, physique et mentale. Renouer avec l’esprit de la déclaration de Philadelphie implique de mettre réellement les travailleurs en état de donner toute la mesure de leur habileté et de leur connaissance et contribuer aux mieux être commun.
La force de la clinique du travail
La clinique du travail propose une nouvelle approche de la démocratie, qui ne se limite plus à une théorie du gouvernement développée par les philosophes, mais la considère comme une pratique.
La parole vive offre un accès précieux aux dimensions jusque-là inconnues de l’individu, révélant son fonctionnement psychique et son humanité. De plus, les témoignages des hommes et des femmes sur leur expérience du travail permettent de comprendre les contraintes et l’organisation du travail. Cette exploration permet d’analyser non seulement l’individu, mais aussi le fonctionnement collectif, la coopération et, au-delà, la nature du lien social.
Seule l’expérience concrète peut nous permettre de redécouvrir la nature du travail et l’intelligence qu’il requiert, ainsi que de comprendre comment cette souffrance engendre des mécanismes de défense.
Impact de la synergie
Défis et complexités jurisprudentielles
Nous verrons dans la jurisprudence une résistance à intégrer la santé mentale ce qui reflète une réticence à accepter la subjectivité dans ce domaine. Certes, la pratique juridique est rigoureuse, attachée à la logique et au raisonnement. Pour autant, le droit n’est pas assimilable aux mathématiques. Comprendre comment l'organisation du travail affecte la santé mentale des travailleurs pourrait être un appui supplémentaire pour l'office du juge. En effet, les décisions judiciaires s'appuyant sur une analyse du travail réel, permette de mettre en lumière les mécanismes et les effets des organisations du travail.
02
Soutien dans les entreprises
03
Réhumanisation du travail
Replacer le sort des hommes au coeur du système d'évaluation des performances économiques et donc renouer avec les deux impératifs posé à Philadelphie, l'objectif de justice sociale et l'impératif de démocratie sociale qui permet d'ancrer cette évaluation dans la diversité des expériences.